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Communiqué de presse : Un dialogue pré-CdP15 initie une collaboration Nord–Sud sur le leadership autochtone et communautaire en matière de conservation
Initiative des droits et ressources (RRI), le Partenariat pour la conservation par la réconciliation (CRP) et le Consortium mondial ICCA

Des dirigeants autochtones et communautaires d'Amérique du Nord et du Sud se réunissent pour établir des relations et renforcer un mouvement de solidarité mondiale autour des réponses apportées par les autochtones et les communautés aux crises mondiales de la biodiversité et du climat.

20 .01. 2023  
8 minutes de lecture
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MONTRÉAL (le 7 décembre 2022) — Un événement hybride tenu en marge de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (CdP15) a réuni des représentants des communautés autochtones et locales d’Amérique du Nord et du Sud pour partager leurs luttes, leurs initiatives et leurs solutions aux crises mondiales de la biodiversité et du climat.

Cet événement, le premier du genre en Amérique du Nord, a été organisé par l’Initiative des droits et ressources (RRI), le Partenariat pour la conservation par la réconciliation (CRP), basé au Canada, et le Consortium mondial ICCA, en partenariat avec la Chaire de recherche du Canada sur les droits de l’homme, la santé et l’environnement de l’Université McGill. Elle était parrainée par Montréal International et le Fonds Christensen.

La Dr Solange Bandiaky-Badji, Coordinatrice de la coalition mondiale de RRI pour les peuples autochtones, les peuples afro-descendants et les communautés locales, a déclaré dans son discours d’ouverture : « Ce dialogue est le résultat de nombreuses conversations qui ont eu lieu l’année dernière au sein de la coalition de RRI et avec les organisations autochtones d’Amérique du Nord. Ce n’est que le début de la mise en place des bases d’une collaboration accrue et d’un alignement sur des priorités communes. »

La Dr Bandiaky-Badji a regretté que de nombreux dirigeants autochtones du Sud n’aient pas été en mesure de se joindre en personne à la réunion en raison de problèmes de visa pour se rendre au Canada, ce qui a empêché de nombreux défenseurs de première ligne des paysages de la biodiversité mondiale de participer aux travaux de la CdP15.

« Il est donc de notre responsabilité de transmettre les demandes de ces dirigeants en faveur d’une participation effective des autochtones et des communautés à tous les niveaux de décision, » a-t-elle ajouté.

Un ensemble diversifié de dirigeants autochtones ont partagé les luttes traumatisantes de leurs communautés contre la dépossession, le déplacement et la criminalisation, ainsi que leurs priorités et réponses autodéterminées. Parmi les peuples représentés figuraient les Karens de Birmanie/Myanmar, les pasteurs masaïs et les Sengwer du Kenya, la bande orientale des Indiens Cherokee aux États-Unis, les Pankararu du nord-est du Brésil, les Mosetén de Bolivie, les Sherpa du Népal, la Première nation Sayisi Dene du Canada, les communautés de paysans de la forêt du Mexique et les Pygmées du Congo, entre autres.

Holly Jonas, Coordinatrice mondiale du Consortium ICCA, qui a co-organisé l’événement, a déclaré : « Les peuples autochtones et les communautés locales sont confrontés à des défis communs à travers la planète pour réaliser leurs priorités autodéterminées pour leurs territoires de vie, tant pour leur propre santé et bien-être que pour une planète saine et durable pour tous. »

Jonas a ajouté que le partage des expériences et l’établissement de relations et d’alliances sont au cœur de tout ce qui a été discuté lors du dialogue et doivent être transmis à la CdP15. 

« Ce qui nous lie, ce sont ces points d’unité, de convergence et de solidarité, et la recherche de moyens de travailler ensemble et de se soutenir mutuellement pour relever les défis auxquels nous sommes tous confrontés. Nous espérons à présent que ces expériences et ces recommandations permettront de renforcer l’élan croissant en faveur de la reconnaissance des droits des peuples autochtones et des communautés locales ainsi que des terres, territoires et ressources collectives lors de la CdP15. »

 

Représentation visuelle du dialogue Nord-Sud créée par la graphiste Sara Heppner.

Quel est l’enjeu ?

Qu’il s’agisse des forêts tropicales du bassin du Congo, des rives de l’Amazone ou des terres, forêts et eaux de l’île de la Tortue (Amérique du Nord), les peuples autochtones et les communautés locales gèrent et entretiennent leurs terres depuis des milliers d’années. Une étude a révélé que les territoires autochtones abritent plus de biodiversité que les zones protégées du Brésil, de l’Australie et du Canada. Un rapport publié en 2021 par le Consortium ICCA indique que l’une des plus grandes possibilités de catalyser des changements transformateurs du niveau local au niveau mondial est d’aider les peuples autochtones et les communautés locales à garantir leurs droits humains, en particulier leurs droits à des systèmes de gouvernance autodéterminés, à des cultures et à des terres et territoires collectifs.

Pourtant, bien qu’il soit prouvé que leur garde entraîne de nombreux avantages sociaux et écologiques, le rôle qu’ils jouent dans la conservation de la biodiversité et dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique n’a pas été reconnu ni protégé de manière appropriée par les gouvernements du Nord et du Sud. Aujourd’hui, la réalisation pleine et effective des droits territoriaux collectifs et de l’autodétermination reste un combat dans le monde entier.

Frank Brown, chef héréditaire de la Première Nation Heiltsuk de Bella Bella en Colombie-Britannique au Canada et professeur adjoint en gestion des ressources et de l’environnement à l’Université Simon Fraser, a appelé dans son discours d’ouverture à une reconnaissance claire des injustices historiques commises à l’encontre des communautés autochtones par les gouvernements nationaux, les institutions internationales et les groupes de conservation mondiaux.

« La richesse de cette nation et d’autres comme elle a été construite sur les ressources de notre peuple. Lorsque nous allons de l’avant, il est impératif que nous le fassions d’une manière durable où les peuples autochtones prennent la place qui leur revient. »

 

Brown, conseiller principal du CRP et de l’Indigenous Leadership Initiative, a ajouté que les peuples autochtones ne cherchent pas seulement un siège à la table. « Nous voulons être autodéterminés. Nous ne voulons pas qu’un filtre d’ONG, de gouvernements d’États-nations et de philanthropes nous dicte nos priorités… Nous pouvons créer nos propres priorités parce que c’est nous qui devons vivre avec ces décisions. »

Christiane Pankararu, leader Pankararu de l’Articulation des peuples autochtones du Brésil (APIB), a souligné l’importance d’une résistance plus forte des communautés autochtones aux principes de colonisation et de conservation forteresse qui continuent d’opprimer les connaissances et la gestion autochtones dans les pays du monde entier. « Les personnes qui prennent les décisions en notre nom sont collées aux systèmes colonialistes de contrôle de nos connaissances, de nos pratiques et de notre science. Ils nous voient comme quelque chose de mineur qui doit être prouvé à l’intérieur d’un laboratoire. Mais notre expérience est vécue, acquise à travers nos connaissances et nos pratiques. »

Stanley Kimaren Ole Riamit, un leader Masai de l’ILEPA (Indigenous Livelihoods Enhancement Partners) du Kenya, a partagé le fait qu’une grande majorité des zones protégées du Kenya sont actuellement sous conservation forteresse, avec seulement 11 % sous conservation communautaire. Il a ajouté que pour sa communauté pastorale, la mobilité est essentielle à l’utilisation de ses paysages, bien qu’elle soit considérée comme irrationnelle par les gouvernements qui prennent des décisions politiques axées sur le marché. « Le paysage d’où je viens s’étend sur 45 000 kilomètres et constitue l’épine dorsale des économies et une ligne de vie pour les communautés ainsi que pour la conservation, » a déclaré Ole Riamit.

« Les peuples autochtones portent un état d’esprit d’abondance par opposition à un état d’esprit de pénurie propagé par les principes capitalistes. Détruire la forêt, c’est se détruire soi-même. »

 

Les participants ont également souligné l’urgence d’inclure les femmes des communautés locales et rurales dans la conservation et le financement du climat. cile Ndjebet, présidente du Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire (REFACOF), a déclaré dans son discours : « Les relations que nous allons nouer ici aujourd’hui, qu’elles soient les graines de l’action et nous donnent la force dont nous avons besoin pour montrer que nous sommes équipés pour défendre nos terres, nos communautés, nos femmes. Ce n’est que lorsque nous sommes ensemble que nous pouvons avoir suffisamment de force pour aller de l’avant. »

Ndjebet a partagé un appel à l’action mondial lancé par l’Alliance des femmes du Sud pour la tenure et le climat, récemment créée, dont elle fait partie.

« Nous n’avons pas besoin de prouver le rôle des femmes autochtones et communautaires dans la restauration et la protection de la nature ; les preuves sont déjà là. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de faire en sorte que ces femmes aient un accès direct aux fonds de conservation. »

 

Les participants ont identifié plusieurs défis communs qui présentent des opportunités pour une collaboration mondiale Nord–Sud. Ces défis sont les suivants :

    • sister aux modèles et initiatives coloniaux de conservation et de « développement » extractif sur les terres et territoires des peuples autochtones et des communautés locales ;
    • Le manque d’inclusion, voire le silence, des voix autochtones dans les espaces politiques mondiaux ;
    • Déséquilibres de pouvoir avec les gouvernements, les intérêts du secteur privé et les ONG ;
    • Le déclin de l’engagement des jeunes dans les modes de vie et les pratiques culturelles de leurs communautés, et la perte du partage des connaissances entre les générations ; et
    • Représentation et financement insuffisants des femmes autochtones et des communautés locales.

Ils ont discuté des possibilités émergentes de leadership autochtone et communautaire dans la lutte contre les crises interdépendantes de la biodiversité et du climat, ainsi que des domaines dans lesquels les actrices et acteurs clés, tels que les gouvernements, les donateurs et les ONG environnementales, pourraient investir pour parvenir à un cadre mondial pour la biodiversité post-2020 plus juste et plus équitable. Ce cadre, qui devrait être le principal résultat de la CdP15, définira les objectifs mondiaux en matière de biodiversité qui guideront les investissements et les actions visant à protéger la nature et à l’utiliser de manière plus durable et plus équitable au cours des 10 prochaines années.

En conclusion du dialogue, Noella Gray, co-responsable du volet de recherche sur les politiques internationales du CRP, a déclaré : « Les riches conversations et histoires partagées aujourd’hui par les participants, avec les initiatives qu’ils ont prises pour récupérer leurs terres coutumières, leurs cultures et leur intendance, ne sont que la première étape pour entamer ce dialogue si nécessaire. En combinant nos voix et en travaillant ensemble, nous pouvons constituer une force d’action beaucoup plus puissante. »

 

Contacts médias : Nicole Harris/[email protected] * Madiha Waris Qureshi/[email protected]

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