KINSHASA (16 novembre 2022) — Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Antoine Tshisekedi, a signé un projet de loi historique visant à protéger et à promouvoir les droits des peuples autochtones pygmées. Il s’agit de la première législation jamais adoptée dans le pays pour reconnaître et sauvegarder les droits spécifiques des peuples autochtones.
La signature de la loi intervient après une longue attente – le Sénat de la RDC l’avait adoptée et envoyée il y a cinq mois au Président Tshisekedi pour approbation.
Les peuples autochtones pygmées du Congo souffrent depuis longtemps de préjugés, de ségrégation et de discrimination. Ils ont été confrontés à l’exclusion sociale et à des violations des droits de l’homme, souvent sous le prétexte du développement économique et de la conservation, et n’ont généralement pas accès aux services de justice, de santé et d’éducation. Le gouvernement et les groupes de la société civile estiment que la population autochtone du Congo se situe entre 700 000 et 2 millions de personnes.
« Maintenant que le Président a signé et promulgué le projet de loi, nous espérons que la nouvelle loi garantira le consentement libre, préalable et éclairé pour les peuples autochtones pygmées, » a déclaré Patrick Saidi, responsable de l’organisation collaboratrice de RRI DGPA, membre de la coalition RRI qui a travaillé sans relâche avec les communautés autochtones, les parlementaires nationaux, les sénateurs et les législateurs pour assurer l’adoption de la loi.
« Même si nous savons que tout ne changera pas immédiatement et que la mise en œuvre de la loi prendra du temps, elle permettra au moins de s’assurer que nous disposons de plus d’outils pour faire valoir nos droits à l’avenir. »
Le gouvernement de la RDC a longtemps considéré les forêts du Bassin du Congo – le plus grand puits de carbone du monde – comme une ressource permettant de catalyser le développement économique. Mais ce faisant, il a négligé non seulement l’importance écologique des écosystèmes du bassin, mais aussi le lien profond qui unit les communautés aux forêts qui leur servent de foyer. Saidi et ses collègues ont travaillé pendant 14 ans pour que ces protections soient inscrites dans la loi, faisant pression pour qu’elles soient reconnues alors que la RDC continue de se remettre de la guerre civile, des épidémies et des déplacements internes.
Patrick Kipalu, directeur du programme Afrique de RRI, a qualifié la signature de la loi de victoire tant attendue.
« Cette loi peut potentiellement ouvrir la voie à la sécurisation de millions d’hectares de terres autochtones en RDC, et nous sommes optimistes quant au fait qu’elle ouvrira de nombreuses portes d’opportunités pour les peuples autochtones afin de faire valoir leurs droits et de poursuivre leurs initiatives de développement et de conservation autodéterminées pour protéger les forêts de la RDC. »
Plus tôt en mars 2022, le gouvernement de la RDC s’est également engagé à intégrer le genre dans son projet de politique foncière nationale – avec un plaidoyer critique mené par le CFLEDD – plaçant les droits fonciers des femmes au centre d’une législation foncière qui n’avait pas été mise à jour depuis 1973. Lisez la longue histoire de RRI dans la poursuite de la réforme des droits fonciers dans le pays.