MegaFlorestais célèbre dix années dédiées à réunir des dirigeants de forêts au niveau mondial afin de trouver des solutions nouvelles pour faire face aux défis mondiaux.
Les changements rapides liés au climat mondial et aux pressions croissantes sur les ressources naturelles n’ont cessé d’acculer les forêts à un état constant de régression. Pour cette raison, de nombreux dirigeants d’agences forestières publiques à travers le monde ont réalisé que leurs agences avaient été conçues pour des temps plus simples et que des changements radicaux étaient à présent nécessaires pour s’adapter à cette nouvelle ère de gouvernance forestière.
Il y a dix ans, en 2005, les dirigeants d’agences forestières publiques des pays les plus boisés au monde s’étaient réunis pour tenter de s’attaquer aux changements et à leurs implications en termes de gouvernance forestière. L’idée de créer le groupe était née d’une réunion à Pékin en septembre 2005 lors d’une conférence, co-organisée par l’Initiative des Droits et Ressources (RRI), sur une réforme des forêts publiques avec le Centre chinois de politique agricole (CCAP). À l’issue de cet événement, les dirigeants participants brésiliens, chinois, américains et mexicains avaient convenu de poursuivre leur collaboration.
Ils sont devenus MegaFlorestais, un réseau informel de responsables d’agences forestières dédié à faire avancer le dialogue et les échanges internationaux sur la gouvernance forestière, l’industrie forestière et le nouveau rôle des agences forestières publiques. Depuis 2005, les dirigeants forestiers participent à une série de rencontres exceptionnelles dans différents pays à travers le monde. Parmi les membres actuels figurent la Russie, le Brésil, le Canada, les États-Unis, la Chine, la République Démocratique du Congo, l’Inde, l’Indonésie, le Pérou, le Mexique, la Suède et le Cameroun, qui représentent ensemble plus de 65 % des forêts mondiales. D’autres pays participent également aux activités du réseau MegaFlorestais, parmi lesquels le Guatemala, la Colombie, la Corée du Sud, le Laos, le Libéria, le Mali et le Sénégal.
La dernière réunion, qui s’est tenue du 13 au 17 avril 2015 à Madre de Dios et Cuzco, au Pérou, a marqué le 10ème anniversaire de ce réseau exceptionnel, et constituait l’occasion de célébrer le rôle singulier que MegaFlorestais a joué toutes ces années pour promouvoir des pratiques plus équitables et durables dans la gestion forestière des ministères concernés à travers le monde.
L’aspect le plus remarquable de MegaFlorestais est que ce réseau constitue une occasion sans précédent pour les dirigeants d’agences forestières des pays les plus boisés au monde de parler ouvertement et librement de leurs expériences et de leurs défis. Alors que de nombreux dirigeants d’agences peuvent se réunir en des lieux officiels, peu de possibilités s’offrent aux décideurs de haut rang d’interagir de manière franche. Grâce à cet « espace sûr et ouvert », ces agences ont consolidé leurs liens et leurs capacités à s’attaquer aux questions de gouvernance et de durabilité forestières.
Les rencontres MegaFlorestais adoptent une approche avant-gardiste vis-à-vis de la gouvernance forestière. Elles reconnaissent que l’avenir des forêts est parsemé de changements et de défis. La déforestation continue, le changement climatique, les incendies, les parasites, les sécheresses et toute une série de désastres liés au climat vont, selon toutes les prévisions, s’intensifier au cours des prochaines décennies. Les projets agricoles et extractifs de grande ampleur vont continuer à se traduire par une croissance des infrastructures, accentuant la destruction des forêts naturelles restantes. De plus, les marchés nationaux et mondiaux des produits forestiers ont également beaucoup changé ; la demande croissante de bois en tant que source énergétique en étant un exemple parlant. On observe également un changement rapide vers les plantations en tant que source principale de fibre commerciale.
Face à une demande croissante de sécurité alimentaire et énergétique, de nombreux pays doivent également faire face aux nouveaux défis que représente la réaffectation des terres forestières à l’agriculture et à la production énergétique.
Mais pour chaque cas de réattribution, les populations vivant à proximité des forêts et qui dépendent de ces dernières sont affectées. Ces communautés, faisant partie de 80 % des populations les plus pauvres du monde, commencent avec raison à exiger davantage d’information et un rôle plus important dans les décisions affectant leurs vies. Sans leur participation, l’avenir des forêts demeure incertain et, de même, toute voie vers le développement ne peut être durable. Les réunions MegaFlorestais sont l’occasion pour les membres de prendre conscience de l’importance de leur participation. C’est dans ce but que les réunions comprennent des visites pédagogiques et des excursions sur le terrain pour permettre aux membres d’étudier certaines communautés forestières locales et gestions de ressources forestières.
Depuis ses débuts, MegaFlorestais constitue une structure efficace pour débattre des réponses à ces questions et à d’autres sujets sensibles liés aux réformes institutionnelles. Non seulement toutes ces réponses requièrent courage et humilité mais elles doivent aussi reconnaître qu’arriver à une solution juste pour les forêts locales nécessite une préoccupation globale et pas uniquement locale. Comme le dit David Nanang, du Service Forestier Canadien : « Si nous voulons vraiment nous attaquer aux problèmes mondiaux, il nous faut des réseaux mondiaux ».
Par son 10ème anniversaire cette année, MegaFlorestais va continuer de diriger cet effort mondial pour développer des solutions innovantes majeures, afin de préserver les forêts mondiales et d’en faire progresser la gestion de manières soutenant le développement local ainsi que les droits et l’accès aux ressources forestières.
Voir une vidéo commémorant le 10ème anniversaire. Plus d’informations sur www.megaflorestais.org.